Je suis restée ainsi pendant un temps dont je n’ai pas la notion. Un temps meublé de longues conversations entrecoupés par de non moins longs silences pendant lesquels chacune s’enfermaient dans ses pensées secrètes.
Je n’avais pas froid, j’avais seulement envie de détendre mes muscles, mais tu me disais de ne pas bouger…
Je t’ai obéi, n’osant perturber ton travail. Seul ton petit chat me tenait compagnie et je le caressais de ma main libre. Nous ne bougions pas. Ni lui, ni moi.
Je crois que j’ai fini par m’assoupir, et quand j’ai senti ta main sur mon épaule, j’ai sursauté. Tu m’as dit alors que tu avais terminé que je pouvais venir regarder et commenter ton dessin.
Comment te dire ? Quels mots pour exprimer ce que je ressentais à me voir ainsi exposée sur une feuille de papier. Je me suis presque trouvée jolie en noir et blanc avec ces ombres.
Je me suis rhabillée, il se faisait tard et je devais reprendre le RER pour rentrer chez mes parents. J’étais bien rêveuse sur le trajet du retour.
Je n’ai jamais oublié cet après-midi là. Et toi te rappelles-tu ? Je ne sais ce que tu es devenue. Ce dessin l’as-tu conservé ? Les chemins de nos vies se sont séparés. Aimes-tu toujours dessiner ? Peut-être es-tu une grande artiste ?
Peut-être non, qu’importe ? Tu es pour moi un bien joli souvenir. Si par hasard tu lis ce récit, tu te reconnaîtras et tu sauras que je ne t’ai pas oubliée.
C’était la première fois mais aussi la dernière que j’ai servi de modèle.

Crédit Photo Sandokan